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Portrait d'Anne-Philippine Clarenc, petite-nièce de l'artiste

1781
RFML.AG.2022.19.1, Recto
Département des Arts graphiques
Numéro d’inventaire
RFML.AG.2022.19.1, Recto
Collection
Département des Arts graphiques
Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
Artiste / Auteur / Ecole / Centre artistique
Liotard, Jean-Étienne (1702-1789)
Ecole suisse
(Schwed, Nicolas, 2022)

description

Dénomination / Titre
Portrait d'Anne-Philippine Clarenc, petite-nièce de l'artiste
Description / Décor
Commentaire :
Dans M. Roethlisberger & R. Loche, Liotard. Catalogue, sources et correspondance, 2 vols, Doornspijk, 2008, voir Catalogue de l'oeuvre peint de Jean-Etienne Liotard, n° 540, p. 659, sous le titre : Deux portraits Clarens, petit-neveu et (petite-)nièce de Liotard. Lyon 1781 ; voir aussi Correspondance, Lettres de Jean-Etienne Liotard, Lyon, 6 avril 1781, p. 755-756, et Lyon, 10 juillet 1781, p. 760-761, et dans Autres lettres, 7 août 1781, p. 824 ; voir aussi Chronologie de Jean-Etienne Liotard, 1781, p. 47.

Le portrait de la petite-nièce de Jean-Etienne Liotard est une œuvre inédite qui vient enrichir de façon notable le corpus du maître. Elle n'était, jusqu'à ce jour, connue que par la lettre que Liotard adressa à son ami François Tronchin depuis Lyon le 6 avril 1781 où il mentionnait : « j'ay commencé 2 portraits mon petit Neveu et niepce Claring ». En 2008, Marcel Roethlisberger et René Loche, spécialistes de l'artiste, faisaient mention de l'œuvre dans le catalogue raisonné en indiquant que la sœur aînée du peintre, Sara Liotard, avait épousé en 1713 François Lavergne et que leur fille Marie-Louise (1721-1745) avait épousé Louis Clarens, négociant suisse établi à Lyon. Ils considéraient tous deux que Liotard avait peint en 1781, les deux enfants de ce couple, qu'ils estimaient nés vers 1740-1745. La réapparition du pastel invite à une autre conclusion. La fillette est, selon l'inscription apposée sur le carton de protection arrière, prénommée Anne et âgée de douze ans. Il ne peut donc en aucune manière s'agir de la fille de Marie-Louise, morte en 1745, mais plutôt de l'une de ses petites-filles, donc l'une des petites-nièces de Liotard. Les recherches généalogiques ont permis de préciser que Marie-Louise Lavergne avait épousé, le 26 avril 1740, Daniel Clarenc (et non pas Louis), négociant protestant à Lyon originaire de Puylaurens, né en 1709 et mort en 1781. Le couple eut deux enfants. Marie-Françoise (1741-1759) décéda très peu de temps après son mariage avec Jacob Vernes (1728-1791), philosophe et pasteur à Céligny, et après avoir donné naissance à une petite Anne (1759-1770) qui ne peut être le modèle portraituré en 1781. Pierre épousa en 1771 Elisabeth Favar. Le couple eut trois enfants, Daniel décédé peu après sa naissance en 1772, Anne-Philippine (1773-1826) et Alisée-Marguerite-Philippine née en 1784. Mariée en 1792 à Pierre Sol de Beauclair (1754-1814), Anne-Philippine fut le modèle du pastel. En 1781, elle était âgée de huit ans et non douze comme l'indique l'annotation portée sur le carton de protection du portrait. Lorsque Liotard peignit Anne-Philippine Clarenc, il avait définitivement regagné Genève depuis 1778 après avoir été célébré dans toute l'Europe et s'être imposé auprès de la clientèle des souverains et de l'aristocratie comme un portraitiste recherché. Avant son décès en 1789, il multiplia les portraits des membres de sa famille. En 1781, il fit un séjour à Lyon au cours duquel il s'appliqua à fixer les traits de son petit-neveu et de sa petite-nièce. L'œuvre réapparue est tout à fait emblématique de la dernière manière de l'artiste. Ayant presque exclusivement utilisé du parchemin de veau ou du papier tout au long de sa carrière, il eut aussi recours de manière exceptionnelle à la soie, au panneau de bois non préparé et à la toile. On conserve ainsi avec ce dernier matériau, le portrait du Viscount Duncannon peint vers 1754. Le portrait d'Anne-Philippine Clarenc est lui aussi exécuté sur ce support qui a été préalablement préparé pour obtenir une surface plane. Le pastel y est ensuite posé en une matière épaisse et pâteuse dont Liotard fut souvent coutumier pour ses dernières œuvres. On peut imaginer qu'il ajouta de l'eau ou un autre liant à ses pigments. L'effet n'en est que plus pictural, même si Liotard s'attache, comme à l'accoutumée, à fondre sa touche. Dans le traité des principes et règles de la peinture qu'il publia en 1781, l'année même où il fixa les traits de la fillette, il défendait le recours à une exécution minutieuse, où il n'était pas souhaité que la touche fût visible. « La netteté, la propreté et l'uni » devaient être privilégiés par rapport aux « inégalités choquantes ». Les carnations d'Anne-Philippine sont effectivement d'une exécution très fondue, où les ombres et les lumières sont délicatement posées. Le portraitiste suisse s'opposait en cela à la manière des Français qui avait fait le succès de Maurice Quentin de La Tour et de Jean-Baptiste Perronneau. Ces derniers reprochaient à Liotard l'absence de caractère et d'âme de ses modèles. Le portrait d'Anne-Philippine n'est cependant pas dépourvu de sentiment. Dans un cadrage large qui accentue la jeunesse et la fragilité du modèle et dont Liotard fit également usage pour son autoportrait aujourd'hui conservé à la Bibliothèque municipale à Genève, la fillette, portant déjà la perruque des adultes, pose un regard bienveillant sur le maître, les yeux vifs et le sourire encore timide. Comme souvent chez Liotard, l'œuvre est marquée par un dépouillement chromatique. Le fond gris, les cheveux poudrés et le rose des carnations mettent en valeur le bleu des rubans de la coiffure et de la robe. L'accord de gris, de rose et de bleu est d'un grand raffinement (Note du dossier d'acquisition, avril 2022, Xavier Salmon).

Xavier Salmon, "Acquisitions/Arts graphiques. Un pastel de Liotard pour l'amour d'une petite-nièce", dans 'Grande Galerie. Le Journal du Louvre', Automne 2022, n°60, p. 24 (repr.).
Xavier Salmon, notice n° 132, dans Acquisitions, La Revue des musées de France, Revue du Louvre, 2024-2, p. 87.

Caractéristiques matérielles

Dimensions
H. 0,557 m ; L. 0,428 m
Matière et technique
Pastel sur préparation sur toile tendue sur châssis. Annotation sur le carton de protection arrière : Anne Clarens / à douze ans / depuis mariée à Pierre / Sol mort / général.

Lieux et dates

Date de création / fabrication
1781

Données historiques

Historique de l'œuvre
Propriété du modèle et de son mari le général de brigade Pierre Sol de Beauclair (1754-1814), puis de leur fils Edouard Sol (1803-1879), puis probablement dans sa descendance - Acquis avant 2014 par Monsieur Jean-Michel Forey, antiquaire à Beaune. Passé en possession, après son décès en 2014, de son épouse Madame Colette Forey - Vendu en septembre 2021 à son gendre, Monsieur Romain Gaudillat, antiquaire à Beaune - Acquis le 19 octobre 2021 lors d'un déballage professionnel au Mans par Monsieur Arnaud Charvet, galeriste, 56 rue de l'Université 75007 Paris, auprès de Monsieur Romain Gaudillat, antiquité brocante, 7 rue de la République 58170 Luzy - Vendu début 2022 à Monsieur Nicolas Schwed, galeriste, Saint-Honoré Art Consulting, 346 rue Saint-Honoré 75001 Paris, qui a identifié l'œuvre comme étant de Liotard et l'a vendu en 2022 à un collectionneur suisse qui l'a revendu au musée du Louvre. Commission des acquisitions du 8 juin 2022.
Mode d’acquisition
achat
Date d’acquisition
2022

Localisation de l'œuvre

Emplacement actuel
Réserve des pastels

L'œuvre est visible sur rendez-vous en salle de consultation des Arts graphiques.
Dernière mise à jour le 05.06.2024
Le contenu de cette notice ne reflète pas nécessairement le dernier état des connaissances