Vue de Trianon du côté du jardin, image 1/3
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Vue de Trianon du côté du jardin

fin des années 1690
INV 34264, Recto
Département des Arts graphiques
Numéro d’inventaire
INV 34264, Recto
Anciens numéros d'inventaire :
NIII 33762
Référence de l'inventaire manuscrit :
vol.14, p.150
Collection
Département des Arts graphiques
Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
Artiste / Auteur / Ecole / Centre artistique
LE BLOND Jean-Baptiste Alexandre (1679-1719)
Ecole française
(Egger, Hermann et Strandberg, Runar et Medvedkova, Olga)
inspiré par MANSART Jules Hardouin

Anciennes attributions :
ANONYME FRANCAIS XVIIè s

description

Dénomination / Titre
Vue de Trianon du côté du jardin
Description / Décor
Commentaire :
Pour ce dessin, voir la notice des dessins INV 34216 et INV 34219 d'Olga Medvedkova in "La France vue du Grand Siècle. Dessins d'Israël Silvestre (1621-1691)" (Paris, musée du Louvre, 15 mars - 25 juin 2018), cat. sous la dir. de Bénédicte Gady & Juliette Trey, n°76-77), car ils appartiennent au même ensemble :
"Dès le premier abord, ces deux dessins, exécutés dans les années 1690 à la plume, lavés et rehaussés de blanc, se caractérisent par une esthétique différente de celle des vues de Silvestre. Il s'agit ici de la génération suivante des « portraitistes » de l'actualité architecturale française du Grand Siècle. La Vue du château de Versailles représente le bâtiment vu du milieu de la grande avenue, comme Silvestre le fait, par exemple, dans la gravure de 1674. Mais, dans ce dessin, l'ensemble des bâtiments apparaît déjà considérablement augmenté depuis les travaux de Mansart des années 1680-1690. C'est sans doute pour montrer cette progression du chantier que le dessinateur recule et soulève son point de vue, de telle sorte qu'il se rapproche du vol d'oiseau. Le dessin n'est pas une simple « vue » mais appartient au genre que l'on appelle « vue et perspective » ; plus encore que celui-ci, il rend lisibles le plan de l'ensemble ainsi que son assiette dans le paysage, immédiat et lointain. Ce point de vue apparente l'image aux représentations scientifiques de l'âge classique, notamment aux planches montrant des dissections anatomiques, vues depuis l'amphithéâtre. Il permet, tout en conservant l'illusion d'un spectacle réellement vu, d'amoindrir l'effet déformant de la perspective et d'augmenter le contenu objectif des informations communiquées. Une parfaite connaissance de l'optique, à la pointe de la modernité, science qui est l'une des occupations préférées et l'un des arguments philosophiques privilégiés de Descartes, se lit dans le tracé de ce dessin. Nous pouvons observer cette même assurance savante, ainsi qu'une stratégie optique similaire (y compris dans ses licences), dans le dessin de la Grande Écurie de Versailles qui montre cette œuvre de Jules Hardouin-Mansart, bâtie de 1679 à 1682. La main qui trace cette construction est celle d'un « opticien », mais aussi d'un architecte ; rien d'inutile n'y paraît. Certes, pour la gravure (exécutée en 1704 et éditée par Nicolas de Fer, géographe du roi), ce dessin se remplit d'arbres, de buissons et autres figurines humaines de toute sorte, ainsi que d'un repoussoir en bas à gauche. La vue du château aurait dû sans doute subir une transformation semblable : nous pouvons le pressentir notamment grâce à l'ombre en bas à droite qui esquisse déjà un repoussoir, si typique pour les vues de Silvestre. Dans le cas où un dessin préparatoire et sa gravure sont tous les deux conservés, nous pouvons suivre le processus du remplissage du dessin avec des accessoires pittoresques, ce qui en fait une jolie vue perspective. En même temps, tel quel, le dessin pouvait facilement s'employer comme un projet d'architecture. Le fait que ce genre d'image ait souvent été commandé et acheté par les étrangers qui en espéraient la réalisation en trois dimensions détermine sans doute cette caractéristique et transforme ce genre de productions en un parfait outil de transfert. Ces deux dessins font partie d'un ensemble, dont d'autres pièces sont conservées au musée du Louvre, à l'Albertina à Vienne, et au Nationalmuseum de Stockholm. À la suite d'Egger et de Strandberg, nous les attribuons à l'architecte, dessinateur et théoricien Jean-Baptiste Alexandre Le Blond (1679-1719). Ceux du Louvre sont collés dans l'album connu sous le nom « Pérelle-Silvestre », qui provient de la collection de Pierre Jean Mariette, fils de l'un des principaux éditeurs de Silvestre, ami proche de Le Blond et son premier biographe. Strandberg a montré que l'exécution technique de ces dessins était semblable à celle des dessins de Vienne et de Stockholm, déjà attribués à Le Blond. Nous avons ajouté à cette démonstration les dessins qui illustrent le Cours d'optique de Le Blond conservé à la bibliothèque de l'Académie des sciences de Saint-Pétersbourg, qui fournissent un échantillon certain de la manière graphique de Le Blond et un argument essentiel en faveur de cette attribution. En tout, nous attribuons à Le Blond quarante et un dessins sur soixante-seize collés dans cet album. Certains sont recouverts de sanguine au verso, ce qui se faisait quand on copiait un dessin sur une planche de cuivre, préparée pour l'eau-forte. S'agit-il là d'une série gravée d'après Jules Hardouin-Mansart ? Cette hypothèse nous semble plausible. Issu d'une ancienne lignée parisienne d'artistes, éditeurs et marchands d'estampes, cousin de Jules Hardouin-Mansart, formé entre la Sorbonne et la boutique d'es- tampes « À la cloche d'argent » de son père Jean II Le Blond (vers 1635 - 1709), dans le milieu des éditeurs de la rue Saint-Jacques, Jean-Baptiste Alexandre Le Blond passa sa jeunesse pour ainsi dire entre cour et jardin, entre les ateliers de Hardouin-Mansart et d'André Le Nôtre. Dans sa jeunesse, il se fit connaître par ses dessins d'après leurs œuvres, c'est-à-dire d'après ce qui se faisait alors de plus moderne en architecture et aménagement du territoire et qui était le plus recherché par l'Europe entière. La boutique de son père était spécialisée dans les planches d'architecture et de décoration. Ce fut entre autres l'une des maisons qui éditaient Silvestre (1). En 1683, Le Blond père reçut le Privilège pour la gravure des plans et édifices sur les dessins du Sr Mansart, son cousin. La reproduction des constructions versaillaises se plaça au cœur de son entreprise. Nous savons qu'il vendait les gravures des écuries de Versailles, ainsi que toute une collection de grilles de Versailles. Dès les années 1680- 1685, il reçut pour ces gravures plusieurs commandes. Dans les années 1690, le secrétaire de la mission suédoise en France Daniel Cronström achetait chez lui des vues de Versailles pour son ami Nicodème Tessin le Jeune. Le jeune Jean-Baptiste Alexandre participait à cette entreprise, se rendant avec son père à Versailles, observant et dessinant les ouvrages achevés ou en construction, en levant les plans. En 1700, c'est Le Blond fils que Cronström contactait pour lui demander de nouveaux dessins des résidences royales. Par la suite, Jean-Baptiste Alexandre, qui signait toujours ses planches en tant qu'« architecte », mena avec succès plusieurs chantiers ; il se consacra aussi à la théorie architecturale en concevant un traité complet d'architecture dont seuls quelques fragments furent publiés. Ce traité s'ouvrait par celui d'optique et de perspective déjà mentionné. Comme nous avons pu l'établir, ce texte se fondait sur le Discours de la méthode de Descartes. Dans La Théorie et la pratique du jardinage - la seconde partie du traité de Le Blond, publiée anonymement en 1709 par Jean Mariette -, ainsi que dans ses articles dédiés à la distribution et la décoration intérieure, parus en 1710 dans la réédition du Cours d'architecture de Charles Augustin d'Aviler, l'un des principaux dessinateurs de l'atelier de Hardouin-Mansart, Le Blond se fit le partisan de l'architecture moderne. La logique tectonique et le dépouillement appuyé procédant de ce que Le Blond appelait lui-même dans ses écrits la « noble simplicité » y étaient considérés, bien avant Mariette et Winckelmann, comme les plus belles qualités de l'art. Ces mêmes qualités transparaissent dans le ductus sobre, quasi abstrait, de nos deux dessins.
Note : 1. Par exemple, Veuë du Bastion de Sainct Jean a Lion, Chantilly, musée Condé, inv. EST S 116.
Bibl. [voir le document associé] : Scart, 1997, no 958 ; Medvedkova, 2007, p. 35-36 ; Rosenberg, 2011, II, no F 3257, p. 1166. Exp. : Jamais exposé.
(Olga Medvedkova in "La France vue du Grand Siècle. Dessins d'Israël Silvestre (1621-1691)" (Paris, musée du Louvre, 15 mars - 25 juin 2018), cat. sous la dir. de Bénédicte Gady & Juliette Trey, n°76-77).

Caractéristiques matérielles

Dimensions
H. 0,203 m ; L. 0,34 m
Matière et technique
Inscriptions en bas à la plume et encre brune et à la mine de plomb.
Anciennement rapporté au recto du folio 41 de l'album Pérelle-Silvestre.

Lieux et dates

Date de création / fabrication
fin des années 1690

Données historiques

Historique de l'œuvre
P.-J. Mariette ; sa vente, Paris, 23 novembre 1775, n° 1416 - I. Silvestre ; sa vente, février-mars 1811, n° 638 - Defer ; sa vente, juillet 1839 - Acquis à cette vente (Archives du Louvre, D6, 1839) ; marque du Louvre (L. 1886).

Localisation de l'œuvre

Emplacement actuel
autres

L'œuvre est visible sur rendez-vous en salle de consultation des Arts graphiques.
Dernière mise à jour le 10.12.2024
Le contenu de cette notice ne reflète pas nécessairement le dernier état des connaissances